Objet d’amour

klimt-le-baiserDans son livre « Le bourreau de l’amour », Irvin Yalom explique « Je n’aime pas travailler avec des patients amoureux ». Pour lui amour et psychothérapie sont « fondamentalement incompatibles ». Il ajoute « Le bon psychothérapeute combat l’obscurité et cherche la lumière, alors que l’amour romantique se nourrit de mystère et se désagrège sous l’investigation. »

 

Il n’aime pas être le bourreau de l’amour. Mais est-ce vraiment le cas du thérapeute face à l’état amoureux ? Ou a contrario, n’est-il pas nécessaire d’éclairer le fait amoureux, la relation amoureuse pour lui donner une chance de devenir une relation d’amour ?

Eclairer la relation amoureuse
L’état amoureux ? Quelle merveilleuse opportunité de regarder de près le type de relation d’amour ou de relation d’objet qui anime chacun d’entre nous. Freud dans son livre « Trois essais sur la théorie de la sexualité », mentionnait qu’ »Il y a donc de bonnes raisons pour que l’enfant à la mamelle soit devenu le prototype de toute relation amoureuse. Trouver un objet est en fait, le retrouver ».

M. Balint, Psychiatre et Psychanalyste anglais, quant à lui, joue avec la traduction proposée en anglais et préfère dire que « All object discovery is in fact a rediscovery » (Le défaut fondamental). Ce qui donne dans notre langue « Toute découverte d’objet est en fait, une redécouverte ». J’aime beaucoup cette notion de redécouverte.

D’ailleurs, I. Yalom, lui-même dans son merveilleux livre « Et Nietzsche a pleuré » fait en quelque sorte de cette redécouverte, l’un des échanges imaginaires entre le Dc Breuer et Nietzsche.

Le Dc Breuer parle d’une de ses patientes qui l’obsède : « Et plus elle m’idéalisait sans restriction, plus je lui reconnaissais un réel pouvoir sur moi. Elle était le remède à toutes mes angoisses ; un simple regard de sa part dissipait ma solitude. Elle donnait à ma vie un sens et une direction ; son sourire faisait de moi un être désirable et m’absolvait de toutes mes pulsions bestiales. Quel étrange amour, chacun se dorait au soleil de la magie de l’autre! »

Et I. Yalom d’insister par la voix prêtée à Nietzsche : « Or Bertha n’est pas vraie. Elle est un fantôme surgi de l’avenir et du passé » pour conclure en quelque sorte par: « Si nous avons compris une chose, Josef, c’est que votre obsession de Bertha ne porte pas sur Bertha ».

De la relation amoureuse à l’amour ?
Alors, reste la question, « éclairer la relation amoureuse à la lumière de notre relation d’objet n’est-ce pas une condition pour construire une relation d’amour ? ». Le thérapeute ne serait pas alors le bourreau de l’amour mais celui de la passion aveuglée par la relation d’objet et par ses carences qui demandent à l’autre d’être ce qu’il ne peut en aucun cas être.